Une autre vie

On discutait dans les cuisines
La radio grésillait
Pleine des voix d'ailleurs qu'on captait
Sirènes clandestines
À l'aube certains sans rien dire
Passaient dans la chambre à côté
Et on les entendait gémir
En regardant les trams passer
On n'irait pas au paradis
Juste jusqu'au bout de la nuit
Le temps d'entrouvrir notre vie
Sur une autre vie
Sur une autre vie
Dans la rue, le jour, s'ignorer
Pas même un signe de la tête
Se retrouver le soir tombé
Et fermer les fenêtres
Pour enfin parler comme on rêve
Alcool et café pour tenir
Avec la radio qui soupire
Comme un chant d'ailleurs s'élève
On n'irait pas au paradis
Juste jusqu'au bout de la nuit
Le temps d'entrouvrir notre vie
Sur une autre vie
Sur une autre vie
On ne se voit plus dans les cuisines
On ne se cache plus pour parler
On entend toutes les voix du monde
Sur les ondes, sans plus les traquer
Et on n'est pas au paradis
N'avoir plus peur n'a pas suffit
Désormais nous dormons la nuit
Dans cette autre vie
Pourquoi faudrait-il dire merci
Dont on ne sort pas grandi ?
Comme ceux qui occupaient nos nuits
Dans une autre vie
Dans une autre vie