Je me sens incroyablement triste. Las de voir ma vie se dérouler sous mon nez. Mes mains sont glacées. C'est les mains d'un mort, enfermé dans une maison qui lui sert de cercueil. Et le monde est un cimetière. Mes lèvres n'ont plus de couleur et j'ai constamment mal à la tête. Personne ne me secoue. Personne n'est là. On m'évite proprement, comme si j'étais le clochard dont on évite le regard. La vie n'a plus de goût. Et s'il elle en a un c'est celui du mauvais café et des alcools bon-marchés. Je voudrais partir. J'ai toujours voulu partir.
Mon frère a dit NON à la Science des Rêves. Alors je viens ici. Je n'ai pas d'alcool à porter de main mais quelque chose me dit que je devrais aller en acheter. J'ai une envie incroyable de me détruire. J'ai mis le volume à fond, Late of the Pier. La lampe au-dessus de ma tête clignote, elle semble moribonde. Comme moi, parfaitement. Je crois que lire Bukowski me grille les neurones. J'ai envie de demander à ma voisine si elle a une grosse chatte. Olala, rien ne va plus. J'aime bien cette musique (The Space And Woods), elle est nerveuse et instable. Comme moi, parfaitement. Je pense à la reprise de Marina & The Diamonds. En fait, je viens de m'apercevoir que c'est une reprise. Je crois que j'aime l'original et la reprise à égalité. C'est un peu bourrin, mais ça me défoule de danser là-dessus. Comme Doe Deer de Crystal Castles. C'est la chanson la plus jouissive de l'année, je crois. Rien qu'à l'entendre, on sent l'odeur de la sueur qui se dégage. Un fantasme ? Un concert où CC joue Doe Deer. Un concert improvisé dans une forêt à la Skins, il y a une centaine de personne et ça pogottent sévère. La lune est pleine et se dresse fièrement parmi les étoiles. La foule est en liesse, une énergie folle se dégage de cet amas de corps qui convulse au clair de lune. Je n'arrive plus à penser tellement la musique me pénètre. J'ai l'impression d'être submergé par les décibels. L'impression que je ne pourrai plus jamais respirer après ces quelques minutes d'apocalypse. Mon corps est en furie et refuse d'obéir à la raison, à la décence. J'ai la bave au lèvre et bientôt toute forme d'humanité me quitte. Je suis une bête. Nous sommes des bêtes. Bêtes folles, agglutinées, possédées. La fille a côté de moi me mord brusquement le bras. Elle a les pupilles bien dilatées. Elle enfonce ses dents jusqu'à ce que mon bras éjacule du sang. Je lance un grand cri dans la nuit. Tout cela se finira en orgie.
Aujourd'hui je me suis levé à 6h, j'ai fait du café et j'ai regardé le soleil se lever. J'aime beaucoup le ronronnement du percolateur, il me donne une impression de confort et de sécurité. Ensuite, j'ai lu un peu Bukowski en buvant mon café. C'est intense pour un puceau. D'ailleurs, est-on encore puceau après avoir lu Bukowski ? ...
Là il est presque 8h30 et personne n'est encore réveillé. Je ne leur en veux pas, mais on m'avait quand même promis une balade à 7h30. Une balade. Ca semble tellement beau et naïf comme terme. Laura Marling accompagne mes pensées avec sa voix spectrale. C'est bon ça. Ces temps-ci je n'écoute que du folk ( Bon Iver et Laura Marling ) et du Hip hop ( The-dream et Jamie Foxx ). En fait, je trouve que les deux genres se complètent merveilleusement bien et je me dis qu'un laborantin a sûrement déjà expérimenter le mélange. Ca doit pas être mauvais. Franchement, ça ne me réussit pas le "This is a place for you to write whatever you like.". J'abuse peut-être trop de la formule. Je fais chier tout le monde.